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Ernest Jean Rosalie Boulanger (d) |
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Mary Ann Webb Griffith (d) |
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Lucie Renouard (d) |
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Distinctions | Liste détaillée Grand officier de la Légion d'honneur Grand-croix de l'ordre du Mérite militaire (Espagne) (d) Commandeur de l'ordre de la Couronne de Roumanie Ordre d'Isabelle la Catholique Ordre du Médjidié Grand cordon de l'ordre du Nichan Iftikhar Grand-croix de l'ordre royal du Cambodge Officier de l'Instruction publique Chevalier de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare |
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Service historique de la Défense (GR 9 YD 37) |
Georges Ernest Jean-Marie Boulanger, né le à la Caliorne à Rennes (France) et mort le à Ixelles (Belgique), est un officier général et homme politique français. Ministre de la Guerre en 1886, il est notamment connu pour avoir ébranlé la Troisième République, porté par un mouvement nommé « boulangisme ».
Fils d’Ernest Jean Rosalie Boulanger (, Rennes - , Paris), bourgeois breton (avoué à Bourg-des-Comptes), et de Mary Ann Webb-Griffith, aristocrate galloise (issue de la famille Griffith of Burton Agnes), il est élevé en Bretagne et fait ses humanités au lycée de Nantes où Clemenceau est son condisciple, entre 1848 et 1853.
Après des études militaires à Saint-Cyr, d'où il sort en 1856, promotion Crimée-Sébastopol, il participe aux campagnes de Kabylie comme sous-lieutenant au 1er regiment de tirailleurs algériens. En 1859, il participe à la campagne d'Italie. Une grave blessure à la poitrine infligée à Robecchetto con Induno lui vaut la Légion d'honneur et une promotion comme lieutenant en mars 1860.
En 1861, il participe à la campagne de Cochinchine contre Tự Đức. Il est à nouveau blessé à Traï-Dan d'un coup de lance empoisonnée à la cuisse en février 1862 et est promu capitaine en juillet. Il retourne en Algérie en 1864, il épouse le une cousine, Lucie Renouard. En janvier 1867, il devient capitaine-instructeur à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, il est promu commandant le 17 juillet 1870. Bon officier, meneur d'hommes, exigeant et bienveillant et avec un courage certain, Boulanger obtient un avancement correct sous l'Empire.
Il participe ensuite à la guerre de 1870 sans être des batailles perdues durant l'été, il est promu en novembre lieutenant-colonel au 133e régiment de marche. Il est blessé pour la troisième fois d'une balle dans l'épaule à la bataille de Champigny lors de la défense de Paris le .
Promu au grade de colonel en janvier, il reçoit le commandement du 114e régiment d'infanterie de ligne à la tête duquel il participe à la répression de la Commune de Paris, en particulier durant la Semaine sanglante. Il s'en vantera beaucoup dans ses rapports et jusqu'en 1872, jusqu'à son alliance politique avec l’extrême gauche, qui rendait gênante cette participation à la répression, le mettant cependant en difficulté dès 1887 mais les socialistes et les radicaux le soutenant fermant finalement les yeux sur les événements.
Le , il est blessé lors de la prise du Panthéon. Cité dans le rapport du maréchal de Mac Mahon, il est promu commandeur de la Légion d'honneur le . Mais son avancement est jugé trop rapide par les autorités militaires. La commission de révision des grades, désignée le par l'Assemblée nationale pour revoir les avancements accordés par le gouvernement de la Défense nationale, le rétrograde comme lieutenant-colonel puis le nomme au 109e à la date du , et songe à la démission face à cette injustice. Il fait appel au député Théophile Bidard, son oncle pour écrire une pétition en janvier 1872 puis en mars une lettre à la commission sans résultat. Il ne fait alors pas appel au Conseil d'État. Il passe alors d'une rage chaude à une rage froide et cherche probablement à se venger.
Il est nommé plus tard commandant en second du 133e régiment d'infanterie de ligne. En novembre 1874, il retrouve son grade de colonel et en devient le commandant, avec pour supérieur le duc d'Aumale — un fils de Louis-Philippe —. Il est alors qualifié dans les rapports de ses supérieurs, d'officier compétent, sévère, très ambitieux et avec peu de tact. Il devient alors arriviste, en 1873, il affiche un zèle pour l'Église, fréquente l'évêque de Belley et va aux cérémonies religieuses, participant même à un pèlerinage de Paray-le-Monial. En 1877, il semble envoyer des lettres au prince impérial. En 1879, face à la victoire républicaine, il écrit à ses supérieurs en mai qu'il n'est pas bonapartiste et plutôt proche des républicains. Souhaitant devenir général de brigade, il utilise toutes les ressources disponibles, il fait appel au duc d'Aumale en janvier 1880, au général Millot en mars, à Léon Gambetta en avril en l'assurant de son dévouement à la République et à Gambetta lui-même. Après avoir reçu l'appui du duc en mai, il le remercie avec une lettre contenant le fameux « Béni soit le jour ». Le , il est fait à 43 ans général de brigade, ce qui fait de lui le plus jeune général de l'armée française.
Il obtient le commandement de la 14e brigade de cavalerie en juillet. En août 1881, il représente la France aux fêtes du centenaire de l'indépendance américaine à Yorktown (Virginie), où il retrouve le comte Dillon et crée un incident en demandant que l'on retire le pavillon allemand qui flottait aux côtés des couleurs franco-américaines, en célébration de l'aide de La Fayette et de Friedrich Wilhelm von Steuben au peuple américain. Le général estimait en effet que la France avait agi en tant que pays, mais que Friedrich Wilhelm von Steuben n'était là qu'à titre privé. C'est la France qui sélectionna et expédia à ses frais le baron aux révoltés américains sur un navire de Beaumarchais.
En avril 1882, le ministre de la Guerre, le général Billot, le nomme directeur de l'Infanterie à contrecœur, sur insistance de Léon Say. Il reste à ce poste jusqu'en février 1884. Il construit alors un véritable réseau de personnalité et profite de sa nouvelle position pour faire du zèle. Il se rapproche alors de Jules Ferry et Georges Clemenceau, mais aussi Félix Granet, qui le met en relation avec Ernest Constans. Il utilise aussi des journalistes véreux pour faire passer des articles à sa gloire dans des journaux radicaux, apprenant ainsi la puissance de la presse et de l'apparence.
Durant ces années, Boulanger cherche déjà à devenir ministre mais doit d'abord devenir général de division et prouver son républicanisme. Dès 1883, il met en action son réseau mais le général Jean Thibaudin, nouveau ministre de la Guerre en janvier, refuse de passer Boulanger alors qu'il n'a que quatre ans dans son grade. Boulanger est ulcéré par ce refus et après l'action de ses amis et le remplacement de Thibaudin par Jean-Baptiste-Marie Campenon, il devient, en février 1884, général de division. En mars, il est fait commandant de la division d'occupation de Tunisie. Boulanger doit alors travailler avec le pouvoir civil, Paul Cambon, le résident général. Cependant, si la relation commence plutôt bien, rapidement Cambon et Boulanger deviennent des rivaux. Après la chute de Ferry lors de l'affaire du Tonkin, Boulanger se pose alors comme protecteur intransigeant de la défense de l'honneur national face aux italiens de Tunisie. Malgré cela, Cambon est obtient en juin 1885, tous les pouvoirs administratifs, judiciaires mais aussi militaire. Les deux hommes sont donc appelés à Paris pour expliquer leur rivalité et la commission d'enquête donne raison à Cambon, malgré le soutien de son ministre qui lui évite toute punition sérieuse. Les actions de Boulanger en Tunisie montre déjà les éléments qui vont composer le boulangisme : utilisation de la presse, gesticulation importante, poses patriotiques bruyantes et activation de ses réseaux.
À partir de l'été 1885, Boulanger ne pense plus qu'à une place de ministre, espérant alors un gouvernement de Constans qui est son allié. Cependant, Brisson reste en place après celles-ci et les promesses aux nombreux officiers pour avoir leurs soutiens demeurent vides de sens. En novembre, l'élection présidentielle lui semble être un gâchis politique et il faut attendre janvier 1886 pour rentrer dans le 3e gouvernement Freycinet.
Familier de Georges Clemenceau — l'un de ses condisciples du lycée de Nantes —, il semble l'imposer à Freycinet comme ministre de la Guerre dans le cabinet formé le , cependant, selon Freycinet, c'est Édouard Campenon qui conseille Boulanger à sa place. Freycinet, qui connait ses relations avec les radicaux, lui ordonne de ne rien faire sur les questions politiques sans le consulter. Boulanger choisit comme directeur de cabinet un artilleur proche des radicaux et comme sous-chef un commandant franc-maçon. Les opportunistes le critique immédiatement pour ses positions, mais aussi sur son passé, comme un ambitieux et peu scrupuleux. Il leur donne raison en en adressant à l'armée un message le jour même de sa nomination et créé un bureau de presse pour alimenter les journaux, notamment radicaux, de ses actions passées et présentes.
Boulanger a une conception très conventionnelle de la prochaine guerre : rapide et offensive. Il innove cependant dans la conception de la position de ministre de la Guerre, se considérant comme le chef de l'armée. C'est un bon ministre qui est surtout un animateur dynamique, plus qu'un réformateur, il permet de faire avancer les dossiers comme l'adoption et la mise en fabrication du fusil Mle 1886 dit fusil Lebel. L'arme utilisait pour la première fois la poudre sans fumée et avait des performances balistiques sans égales pour l'époque ou la pose du téléphone au ministère. Il travaille beaucoup, qu'il montre aux journalistes, il préside, inaugure, inspecte, il parle alors en ministre politique.
En mai, il dépose un grand projet de loi militaire, qui inspirera une loi adoptée en 1889, reprenant des travaux antérieurs, celle-ci est très politique, passant le service à 1 ou 3 ans selon le tirage au sort et supprimant les dispenses de service militaire aux enseignants, aux élèves des grandes écoles et aux séminaristes, dans un esprit égalitaire. Elle doit supprimer les écoles de formations pour une École normale militaire, point qui face à la contestation dans l'armée n'aboutira pas. Il fait passer en avril, une loi sur le contre-espionnage, qui permet la création des carnets A et B et une base juridique pour la répression de l'espionnage. Il place aussi ses pions personnels, changeant des chefs de service et nommant des colonels qui lui sont loyaux. Il change aussi le président du comité de la cavalerie, Gaston de Galliffet, sous le prétexte qu'il est un répresseur de la Commune. Il tente aussi d'écarter Félix Gustave Saussier comme gouvernement de Paris, sans succès, celui-ci ayant le soutien total de Jules Grévy.
Ses réformes — dont l'autorisation du port de la barbe — le rendent populaire chez les militaires. Il parvient à régler la crise des mines de Decazeville sans faire tirer les soldats ce qui le rend populaire à gauche (par exemple Henri Rochefort). Cette réputation de général républicain est confirmée après la loi du 22 juin 1886 qui interdisait le séjour sur le territoire national « aux chefs des familles ayant régné sur la France et leurs héritiers directs » et prévoyait aussi leur exclusion de l'armée. Boulanger fait signer à Jules Grévy et notifier aux membres de la maison d'Orléans leur radiation des cadres de réserve, en particulier au duc d'Aumale (qui avait pourtant protégé sa carrière). Le duc ayant protesté par écrit contre cette mesure, est expulsé en Belgique par le directeur de la Sûreté le .
La popularité de Boulanger ne cesse de croître et lui permet de devenir le point central de la revue du — qui célébrait aussi le retour de l'expédition du Tonkin. Sa prestance y fait impression. Il est célébré par la chanson de Paulus, En revenant de la revue.
Il ne tarde pas à parcourir la France pour des inaugurations, des discours, etc. Le 17 septembre, à Libourne, il se distingue par un discours belliqueux — « Nous pouvons enfin renoncer à la triste politique défensive ; la France doit désormais suivre hautement la politique offensive ». Il représente l'image du « Général Revanche » qui séduit les nationalistes. Après un meeting organisé par Paul Déroulède et la Ligue des patriotes au cirque d'Hiver de Paris, le refrain « C'est boulange, boulange, boulange, c'est Boulanger qu'il nous faut » est crié par 10 000 personnes sur les grands boulevards.
L'amendement d'un député sur la suppression des sous-préfets fait tomber le gouvernement le . Mais René Goblet, qui succède à Freycinet, est obligé de conserver Boulanger, dans une configuration plus conservatrice, les radicaux abandonnant un gouvernement auquel la droite apporte son soutien.
Le ministre Boulanger semble dès lors cumuler les provocations envers l'Allemagne (érection de baraquements dans la région de Belfort, interdiction d'exporter des chevaux, interdiction de la représentation de Lohengrin, etc.) qui amènent l'Allemagne à convoquer plus de 70 000 réservistes au mois de février. Enfin, le , survient l'affaire Schnaebelé. Seules des difficultés au sein de chacun des gouvernements permettent d'éviter la guerre[réf. nécessaire]. Désormais Boulanger, qui a organisé un réseau d'informateurs en Allemagne sans vraiment avertir la Présidence, semble dangereux pour le gouvernement.
Le , le gouvernement Goblet chute. Le 31 mai est formé un nouveau cabinet, mené par Rouvier, qui ne comprend pas Boulanger — le général Ferron reçoit le ministère de la Guerre. Cette éviction choque les nationalistes. C'est alors que naît le mouvement boulangiste.
Sans qu'il ait posé sa candidature — mais à l'appel de Rochefort —, 100 000 bulletins portent le nom de Boulanger à une élection partielle de la Seine. La popularité du général continuant de croître, le gouvernement le « limoge » en le nommant commandant du 13e corps d'armée à Clermont-Ferrand. Son départ le donne lieu à une démonstration de foule : 10 000 personnes envahissent la gare de Lyon, couvrent le train d'affiches « Il reviendra » et bloquent son départ pendant plus de trois heures et demie.
Survient le scandale des décorations dans lequel Boulanger est un temps mis en cause. Cependant, le président Grévy doit démissionner le . Boulanger devient un acteur clé des tractations pour élire son successeur, les monarchistes offrant leur voix au candidat s'engageant à prendre Boulanger comme ministre de la Guerre. Mais c'est finalement Sadi Carnot qui est élu : il choisit Pierre Tirard comme chef de cabinet mais refuse l'entrée de Boulanger au ministère.
Le , le général rencontre secrètement, en Suisse, le prince Napoléon, qui lui apporte le soutien des bonapartistes. Pour l'élection du suivant, la candidature du général, présenté comme bonapartiste, est posée dans sept départements, dans lesquels il obtient 54 671 voix. Cependant le général est toujours en activité et de ce fait inéligible. Le , le général Logerot, ministre de la Guerre, le relève de ses fonctions et, le , Boulanger est rayé des cadres de l'armée.
En avril, il se présente aux élections en Dordogne et dans le Nord où il reçoit respectivement 59 000 et 172 500 voix : il est de nouveau élu à la Chambre. Une foule importante assiste à son entrée à la Chambre des députés le suivant. De nombreuses caricatures de presse illustrent la crise. Le 13, en raison d'un vif échange à la chambre des députés, il est défait en duel contre le président du conseil Charles Floquet, qui lui inflige une blessure importante au cou.
Outre les bonapartistes, Boulanger ne tarde pas à recevoir le soutien des monarchistes, qui ont échoué à restaurer la monarchie et cherchent à affaiblir le régime républicain. La duchesse d'Uzès finance Boulanger au nom du comte de Paris (3 millions de francs). Albert de Mun et Henri de Breteuil dînent avec lui en secret.
En août, Boulanger se présente à plusieurs élections et est élu dans le Nord, la Somme et la Charente-Inférieure. Les boulangistes peuvent bientôt présenter un candidat dans chaque département.
En juillet-août 1888, il se présente aux élections cantonales dans 400 cantons (sur environ 1300). Il est élu dans les cantons suivants :
L'ensemble de ces élections seront annulées.
La tension est à son comble lorsque Boulanger se présente à Paris en remplacement de Hude, député décédé, sur un programme en trois mots : « Dissolution, révision, constituante ». Ses adversaires lui opposent le président du Conseil général de la Seine, Édouard Jacques. Le , Boulanger obtient 244 000 voix contre 160 000 voix à son adversaire. Tandis que sa maîtresse, Marguerite de Bonnemains, dîne seule dans un salon voisin, Boulanger célèbre la victoire avec son état-major au café Durand, place de la Madeleine, où se rassemblent 50 000 personnes. Une partie de la foule le pousse au coup d’État en scandant « À l’Élysée ! ». Mais Boulanger, probablement sous l'influence de madame de Bonnemains, conseille d'attendre des élections législatives. Il choisit de rester sur place. Ce faisant, il déçoit ses partisans sans apaiser les craintes de ses adversaires, qui s'attachent désormais à le discréditer.
« Minuit cinq. Depuis cinq minutes le boulangisme est en baisse. » dit le soir même Georges Thièbaud, compagnon de la première heure de Boulanger.
Le ministre de l'Intérieur, Ernest Constans, poursuit la Ligue des patriotes, l'un des soutiens de Boulanger, en vertu d'une loi sur les sociétés secrètes. Puis il fait savoir à Boulanger qu'un ordre d'arrestation doit être porté contre lui le 1er avril et que le même jour le ministre de l'Intérieur demanderait à la Chambre la levée de son immunité parlementaire. Inquiet, Boulanger s'enfuit à Bruxelles (Belgique). Le , un vote de 333 voix contre 190 lève son immunité parlementaire. Boulanger est poursuivi pour « complot contre la sûreté intérieure » mais aussi pour détournement des deniers publics, corruption et prévarication. Le suivant, le Sénat, réuni en Haute Cour de justice, condamne par contumace le général Boulanger, Rochefort et le comte Dillon, à la « déportation dans une enceinte fortifiée ».
À Bruxelles, le général Boulanger vit avec sa maîtresse, Marguerite de Bonnemains, à partir du . Cette dernière, née Marguerite Brouzet, a divorcé du vicomte de Bonnemains, petit-fils du lieutenant-général Pierre Bonnemains. Ils se sont rencontrés dans un salon en 1887, et ont un véritable coup de foudre, au point que le général intente une procédure de divorce contre son épouse début 1888, mais il n'y donne pas suite. Elle devient sa maîtresse et le restera pendant quatre ans, jusqu'à sa mort. Marguerite de Bonnemains est effectivement atteinte de tuberculose et meurt le 16 juillet 1891. Boulanger fait graver : « Comment ai-je pu vivre deux mois et demi sans toi » sur son monument funéraire. De fait, le général se donne la mort sur sa tombe même, au cimetière d'Ixelles, le . « Il est mort comme il a vécu : en sous-lieutenant », s'exclame Clemenceau,.
Le mot de Clemenceau est cruel pour un mort, un ancien camarade au lycée de Nantes et, surtout, pour celui qui a obtenu en 1886 sa nomination au ministère, lui permettant ainsi de faire ses premiers pas en politique.
Georges Boulanger épouse le une cousine, Lucie Renouard, nièce du pair de France et sénateur Charles Renouard. Ce mariage de raison n'est pas heureux : Lucie, dévote, devient au fil des années de plus en plus austère et Georges enchaîne les infidélités avec des maîtresses (comme Berthe de Courrière). De leur union, naissent deux filles, Hélène-Marie et Marcelle que Boulanger aime profondément. Sa femme le quitte en septembre 1888 avec sa fille aînée, Hélène-Marie à Versailles, où elle décède en 1909. Georges Boulanger vit alors très mal la séparation avec sa fille aînée, tandis que sa Marcelle prend le parti de son père et se marie avec Émile Driant en octobre de la même année. Cependant, elle finit elle aussi par s'éloigner de son père. Dans son testament, Boulanger « somme » ses filles de respecter ses volontés au nom du mal qu'elles lui ont faites. Il s'agirait d'une réaction à la demande de divorce en 1889 de Boulanger et de sa demande que ses filles rompent tout lien avec leur mère. Refusant, l'inverse se produit. Boulanger se retrouve alors sans famille entre 1889 et 1891.
Boulanger était véritablement un Don Juan, profitant de son charme naturel, ayant de très nombreuses maîtresses dont Gabrielle d'Estèves, elle-même maîtresse du roi de Belgique Léopold, Saling de Jerviel, femme de lettre féministe, la Comtesse de Loynes ainsi que Suzanne Reichenberg et bien d'autres. Marguerite Brouzet devient cependant sa principale amante en 1887 bien qu'il continue ses aventures avec d'autres femmes. Boulanger est décrit par Bertrand Joly comme un homme ayant une impuissance affective et une surpuissance sexuelle, couplée à une incapacité à se contrôler.
Boulanger n'a aussi aucun véritable ami, seulement des camarades et des soutiens. Les relations qu'il noue sont souvent unidirectionnelles et inégales. Il semble avoir une vision très utilitaire des relations humaines. Il semble que Boulanger soit à partir de 1888 un addicte à l'opium mais surtout à partir de sa défaite électorale en 1889. Cette toxicomanie est connue publiquement dès mars de cette année, avec des utilisations de morphine irrégulières.
Dès juillet 1891, Paul Masson publie les Réflexions et pensées du général Boulanger, extraites de ses papiers et de sa correspondance intime. La préface de ce volume de 296 pages, paru chez l’éditeur Albert Savine, est anonyme et signée de trois astérisques. Le journal Le Gaulois du 8 juillet 1891 se porte garant de l’authenticité de l’ouvrage et affirme que les notes ont été classées et colligées avec le plus grand soin par le général lui-même.
La veuve Marie Quinton (1854-1933), ou mère Quinton, surnommée la « Belle Meunière » dans sa jeunesse, est la confidente de l'amour clandestin entre le général Boulanger (« l'empereur des amoureux ») et sa maîtresse (« la dame aux œillets rouges »). Elle les accueille secrètement à quatre reprises dans son auberge des Marronniers, à Royat, au pied des volcans d'Auvergne, dont le 24 octobre 1887 pour la première fois. Elle les suit dans leur exil à l'île de Jersey, puis à Londres et pour finir à Bruxelles. Elle devait élever leur enfant illégitime et partir aux États-Unis avec eux. Marie Quinton publie en 1895 Le Journal de la Belle Meunière : le général Boulanger et son amie, souvenirs vécus, succès de librairie considérable, réédité quarante-deux fois de son vivant, et qui lui vaut une grande notoriété. À l'Exposition universelle de 1900, à Paris, on installe même au pied du palais du Trocadéro un cabaret « Belle Meunière ». On fait des chars au carnaval de Nice comme en 1909. Elle est enfin la narratrice de la pièce de théâtre consacrée par Maurice Rostand au général Boulanger, donnée à la porte Saint-Martin à Paris en 1931.
Le musée Carnavalet conserve plusieurs médailles de propagande en aluminium à l'effigie du général Boulanger. Il conserve également sa médaille en argent de député du Nord, réalisée en 1887 mais qui porte la date de 1885, début de la législature (ND 4347).